LYRIQUE - Les Opéras d'Europe tentent de séduire le grand public

Samedi, de nombreux opéras en Europe ouvrent leurs portes avec l'espoir de capter une nouvelle clientèle.

AFP

L'opéra Garnier à Paris© Etienne Poupinet/zefa/Corbis

Cher et élitiste, l'art lyrique ? Une cinquantaine de maisons d'opéra en Europe, dont près de la moitié en France sous le parrainage du ténor Rolando Villazon, ouvriront en grand leurs portes samedi pour sensibiliser de nouveaux publics et lutter contre les idées reçues.

Organisée en 2007 et 2008 au mois de février, l'opération française "Tous à l'Opéra !" reprend sa place, pour sa troisième édition, au sein des Journées européennes de l'opéra. Avec une nouvelle date, commune aux deux initiatives: le 9 mai, "journée de l'Europe". Ateliers créatifs, représentations interactives ou projections seront proposés dans 30 maisons d'Europe -- de Londres à Brno (République tchèque) et de Barcelone à Tallinn -- et une en Israël (Opéra de Tel Aviv).

Dans l'Hexagone, 24 institutions (liste sur www.tous-a-lopera.fr) participeront à l'opération, organisée par la Réunion des Opéras de France (ROF) et parrainée par Rolando Villazon. Soutenue par Natalie Dessay (2007) puis Roberto Alagna (2008), "Tous à l'Opéra !" pariait cette année sur le charme et l'enthousiasme du ténor franco-mexicain pour assurer sa promotion. Mais l'artiste a malheureusement annulé tous ses engagements jusqu'à la fin de l'année 2009 pour être opéré d'un kyste sur une corde vocale.

En mars, devant la presse, Rolando Villazon a cependant eu l'occasion de vanter les mérites d'une manifestation "qui permet de réunir et de créer du lien"."Je souhaite faire partager ma passion pour l'opéra, un art qui a changé ma vie et dont les racines sont historiquement européennes", a dit l'artiste, allusion à la naissance du genre en Italie, il y a quatre siècles.

Comme chaque année, les théâtres lyriques de France ont prévu une large gamme de propositions gratuites (répétitions publiques, expositions, visites des coulisses...) pour faire découvrir l'opéra autrement. Ainsi, le Grand-Théâtre de Bordeaux braquera ses projecteurs sur les "métiers de l'ombre de l'opéra" (costumiers, perruquiers, peintres, etc.). L'Opéra du Rhin mettra "la voix dans tous ses états" avec ses choristes et les jeunes solistes de son Opéra Studio.

Après avoir comptabilisé 75.000 visiteurs en 2007 puis 90.000 en 2008, la ROF vise les 100.000 entrées. Les maisons d'opéra françaises espèrent ainsi confirmer leur attractivité, alors qu'elles affichent déjà un taux de fréquentation payante de 91%, selon une enquête menée par la ROF en 2006 et 2007.Les tarifs des billets d'opéra sont-ils un frein à l'accroissement de la fréquentation ? Non, répond la ROF, qui met en avant un prix moyen de place de 30 euros chez ses adhérents. Mais sauf à pousser les murs de théâtres étroits (jauge moyenne de 1.251 places) ou à multiplier le nombre de représentations (difficile car l'opéra, même massivement subventionné, est un art cher à produire, qui perd de l'argent chaque soir), le public lyrique ne peut pas être étendu à l'infini. Il peut cependant être diversifié et rajeuni. Dans ce but, les expériences se multiplient pour présenter des spectacles hors des théâtres.

Ainsi l'Opéra de Rennes diffusera sur grand écran en 3D, le 2 juin, "Don Giovanni". L'Opéra-Comique, lui, proposera le 25 juin sa "Carmen" dans une cinquantaine de salles de cinéma en France, Suisse et Belgique, comme le fait régulièrement le Metropolitan Opera de New York. Quant à l'Opéra de Lyon, il montrera "La Traviata" le 3 juillet en plein air dans la ville, mais aussi à Chambéry, Grenoble, Saint-Etienne et Valence.